Je marchais dans les jardins de Versailles, une de mes nombreuses promenades habituelles. Bien sûr, je tombais sur quelques jeunes femmes très plaisantes qui me donnèrent des rendez-vous dans divers lieux mais vous et moi savez très bien que je n'irai jamais. Pour le moment, mon esprit ne se focus pas sur les femmes, même que mon esprit refuse littéralement d'en entendre parler. Certaines sont bien magnifiques, d'autres plus osées, mais elles ne m'attirent pas plus qu'il n'en faut. À quoi m'attendre lorsque l'on se promène en ces lieux si paisibles et paradisiaques ? Je me promenais toujours ici, me dirigeant ensuite vers les chevaux à plusieurs mètres de là.

À peine fus-je arrivé que j'entendis les sabots des chevaux taper sur le sol. Ils étaient en plein exercice de sauts, je pouvais reconnaître ce bruit n'importe quand et n'importe où. Comment pourriez-vous décrire cette sensation, ne serait-ce que trente secondes. Je sentais mon poils se hérisser, mon coeur battait la chamade et mes mains devinrent moites. J'adore l'équitation, j'ai toujours aimé me sentir confiant sur un destrier. D'ailleurs, le cheval qui m'est destiné depuis que je suis un petit enfant se nomme Floye. Ce n'est pas un nom très commun mais j'appelle souvent mon cheval Flo, c'est plus court et plus mignon. Déposant mon sac, mon chapeau et mon épée au sol, je mis le casque habituel d'équitation ainsi que les vêtements. Puis, je me dirigeai à grands pas vers Flo. Elle paraissait agitée aujourd'hui, mais elle se calmait toujours à mon arrivée. Mon grand oncle, enfin je le considère ainsi, arriva dans l'étable en courant, comme s'il avait une nouvelle à me livrer.

« Monsieur Korey ! Aujourd'hui l'étable accueillera une dame, elle veut apprendre je ne sais quoi mais elle dit être intéressée par le maniement de l'épée si je me rappelle bien, c'est dingue non ? »

Intrigué par cette nouvelle, je descendis du cheval et marcha vers Paulo.

« En effet Paulo. Dis-moi, cette dame devrais arriver vers quelle heure ? Je voudrais m'entraîner un peu sur Flo et un peu au sabre avant son arrivée, vous savez, je ne veux pas me ridiculiser. N'étant qu'un piètre apprenti mousquetaire, j'ai encore beaucoup à apprendre et je ne tiens pas à baisser ma popularité. »
« Nous l'ignorons monsieur, mais sachez qu'aussitôt que j'en reçois l'information, je viendrai vous la livrer. Dieu en a ma parole ! »
« D'accord, aller, retourne voir ta famille mon cher. Ils doivent avoir faim et tu as mérité cette bourse ! »

Je mis alors ma main gauche sur son épaule et sortis de ma main droite un sac remplit de quelques pièces d'or, assez pour rendre ce vieil ami heureux. Je prix alors sa main et y déposa le sac avec un grand sourire. Il s'inclina puis retourna au pas de course dans la direction qu'il venait. Me retournant tout en enlevant mon casque, j'allai vers Flo et lui flattai le dos avant de retourner à mes objets.

Je pris alors mon épée et commença à faire quelques coups dans le vide. Je frappais là où je pouvais, mémorisant les coups et imaginant un adversaire devant moi. Je commençai à tourner en rond, à frapper dans le vide, à réarranger ma posture, arranger ma défense bref, tout perfectionner. J'entendis alors trois petits coups sur la porte de bois qui séparait l'extérieur de l'intérieur de l'étable. Pris par surprise, je stoppai tous mes mouvements et me tourna lentement vers la porte.

Une belle jeune femme se trouvait là, elle paraissait encore jeune et un peu innocente mais j'ai apprit à ne pas me fier aux apparences. M'approchant d'elle, j'ouvris la porte et pris sa main pour y déposer un baiser.

« Vous devez être la jeune femme dont j'attends la venue pour une pratique ou autre. Je n'ai pas eu toutes les informations malheureusement. Et j'ai l'honneur de me retrouver face à ... ? »

La nuit avait été longue et dure. Toujours à suivre des hommes malhonnêtes, toujours à en savoir plus, toujours à se battre. Malgré ma fatigue, je n'en dormais pas plus. Lorsque mon corps décida de s'étendre sur le lit la nuit avait presque fini de s'éteindre pour laisser place à la rosée du matin. Mes yeux se refermèrent et je sombrais pour finir par m'éveiller juste pour le repas.

« Allons madame levez-vous. Il est déjà très tard pour le réveil d'une jeune fille de votre trempe. Vous devriez déjà espionner des hommes de grandes envergures, comme vous l'avait dit votre père! » Quel réveil. Mon petit personnel était le seul à savoir ce qui se tramait, comme l'expliquer ma dame de chambre, mon père avait voulut que je me batte... Pour son honneur, pour notre pays. Enfin levée, j'enfilais un corset. Ma dame de chambre entra une nouvelle fois dans la pièce et me vit avec un pantalon dans les mains. « Madame! Il n'est pas correct pour une dame de la cour de se présenter ainsi vêtu d'une simple culotte de pauvre! » Je souris. « Vous avez raison dame Marie, ce n'est pas une tenue pour la journée. » La jeune femme se félicita et reparti à ses occupation tandis que j'enfilais une jupe longue et couleur herbe sèche un peu bombée. Une seconde personne entra dans la pièce. « Serait-ce possible que je puisse me vêtir en toute tranquillité? » questionnais-je sans même me retourner. « Je vous prie de m'excuser dame. J'ai les informations que vous attendiez. » L'homme me tandis un petit billet avec les renseignements que j'attendais sur une personne. « Je vous remercie, vous pouvez vous en aller maintenant. » Je me retournais vers l'armoire pour fouiller et finir par ôter mon corset que je rangeais. Je pris une de mes chemises ample et à froufrou que je positionnais par dessus ma jupe et enfin, je pris un de mes petits corset arrivant au dessous de la poitrine et en cuir marron et l'enfila de façons à ce que cela fasse une délimitation entre la chemise et la jupe. Je soupirais.

Les cheveux bouclés et descendant en cascade dans mon dos, je descendis les escaliers du château sortant le billet d'entre mes seins, je l'inspectais. Je descendis dans la cour et traversa le jardin, trouvant un homme au fond, près d'un atelier de bois. « Dame De la Cour, m'avez-vous fait demander? » Dit-il tout en effectuant une révérence. « C'est exact, dis-je d'une voix mielleuse, je viens vous demander de faire passer message à votre maître. J'aimerais qu'il m'apprenne le maniement des épées. Ne lui dites qui je suis, précisez juste qu'une jeune femme aimerait avoir des cours de sa part. » L'homme sembla à la fois choqué et impressionné « Dame... Une femme qui se batte... Cela ne s'est jamais vu et vous seriez pris de haut... Savez vous réellement ce que vous... » Je le coupais dans ses propos : « Mon cher, si vous saviez tout ce que je faisais de mon temps libre, vous seriez plus étonnez qu'à ce moment même. Faites ce que je vous dis, et tenez, en récompense de votre silence. » Je sortis une bourse d'entre mes seins et la lui tendis : « Dix pièces d'or, cela suffira à vous racheter des vêtements neuf ou bien à nourrir votre famille pour quelques jours. » L'homme s'inclina et repartit.

Le reste de la journée se passa calmement et je revins très vite dans mes appartements. Mes yeux s'attardèrent sur mon mobilier et je fini par entrer dans mon sanctuaire secret. Je le laissa cependant ouvert, cherchant le matériel qui me fallait. je pris une épée et son fourreau et les glissa tout deux sur mon flanc. Je revins dans la chambre, fermant le passage derrière moi puis j'eus un moment de réflexion avant de prendre un baluchon et d'y fourrer le pantalon du matin ainsi que des bottes d'homme. J'attacha le tout à même hauteur que l'épée de façon à la cachée et attrapa ma cape pour finir par la glisser sur mon dos. Je sortis dans la nuit.

Arrivée dans le jardin, je fit remonter le capuchon de ma cape sur mon visage et me dirigea vers l'étable. Je tapa trois fois à la porte avant que quelqu'un ne m'ouvre. Un homme assez grand et beau, l'homme dont je voulais des informations. j'eus un petit sourire lorsqu'il se pencha pour baiser ma main puis revint sur ma raison de la visite de ces lieux. Raison qui n'en été pas réellement une. « Vous devez être la jeune femme dont j'attends la venue pour une pratique ou autre. Je n'ai pas eu toutes les informations malheureusement. Et j'ai l'honneur de me retrouver face à ... ? »
« Rose, Rose De la Cour. Connaissant votre parcourt, je n'en connais pas pour autant votre nom, mais le mystérieux est sans limite et fascinant. Cependant, j'en conclu par les initiales qui ornes votre sabre que votre nom commence par un K, ce qui réduit les possibilités. Bien sur, en voyant les belles boucles que forment votre chevelure et le joli nez que vous ont donné vos parents, j'en conclu une nouvelle fois que vous êtes un Korey... Foster je présume? Dites moi si je ne me trompe. » Mon sourire s'élargit tandis que je dépassais l'homme pour aller dans un box vide. Là je ferma ce dernier et enleva ma cape, ma jupe ainsi que mes chaussures pour enfiler mon pantalon et mes bottes. Je posa mon baluchon et mes effets personnels pour revenir face à l'homme, découvrant l'épée sur mon flanc. « Je pensais que votre homme vous avait dit ce que je faisais ici, il faut croire que non. Je suis venu vous demander des courts... De maniement de l'épée, pour être précise. J'espère que vous n'aurait pas de problèmes face au fait que je sois une femme. » Je lui souris. Ma raison ici n'avait rien à voir avec le maniement de l'épée, à vrai dire, mon père avait fait en sorte que je sois une femme plutôt forte et sachant se battre, et je savais que j'avais un niveau plus élevé que cet homme. Non, à vrai dire, j'étais là uniquement car il me plaisait. On fait comme on peut pour charmer avec ce que l'on a.

Cette femme dégageait un charme que je n'avais jamais vu auparavant, elle paraissait forte et confiante d'elle, deux qualités excellentes chez une femme de cette poigne. Je lui souris à mon tour lorsqu'elle se présenta. Mais je fus bouche bée lorsqu'elle découvrit qui j'étais, mon prénom et mon nom. Comment pouvait-elle bien savoir qui j'étais en quelques secondes ? Décidément, se fier sur les apparences ne s'avère pas une bonne technique pour juger une personne. « Je vois que vous connaissez la région. Oui, je me nomme Foster Heiden Korey, fils de Sir Bernard Korey et de Lady Gioniva Lifogini. J'ai entendu parler un peu de votre famille et de votre réputation. On dit que vous êtes une femme mystérieuse de ce fait, nous allons probablement bien s'entendre. » Je la laissai donc aller se changer. Durant ce temps, j'ai rentré mon cheval et préparé le matériel. Tout ce que l'on m'avait léguer et tout ce que j'avais acheter, cela dit un gros stock de matériel de pratique. J'étais en train de placer une simulation d'ennemi lorsque Rose revint à mes côtés. Je me retournai en souriant et lorsque je revins pour replacer le mannequin, je me cognai la tête sur le bout de bois qu'il fallait frapper. Je lâchai un juron avant de lancer: « Pardonnez-moi de cette impolitesse, je crois que ce mannequin ne m'aime pas à vrai dire. Je me cogne toujours dessus. » Elle fit alors découvrir son épée, ce qui ne me choqua pas, mais plutôt me surpris. Ouvrant les yeux en grand, je remarquai que cette arme était de très bonne qualité. Sa poignée paraissait être faites pour cette femme, comme si on l'avait fait pour elle. Je détachai mes yeux de l'arme pour la regarder alors qu'elle me parlait. Un cours de maniement d'épée, pour un soldat qui donne des cours, cela aurait été très mal vu et aurait refusé mais j'avais là, l'occasion de pouvoir faire la rencontre d'une femme très différente des autres. « Pourquoi refuser la compagnie d'une si jolie femme ? Et qui sait, peut-être pourrez-vous vous aussi m'apprendre quelque chose. Prenez place dame. »

Nous avons alors commencé le cours, enfin si on puisse appeler cela un cours. Car durant tout ce moment, je ne cessais d'admirer la grâce de ses mouvements. On aurait dit qu'elle avait fait cela toute sa vie, j'avais beau n'être qu'un simple apprenti mousquetaire, je reconnaissais l'expérience n'importe quand. Et cette femme cachait plus de choses qu'elle ne laissait dire.

« Je vois que vous connaissez la région. Oui, je me nomme Foster Heiden Korey, fils de Sir Bernard Korey et de Lady Gioniva Lifogini. J'ai entendu parler un peu de votre famille et de votre réputation. On dit que vous êtes une femme mystérieuse de ce fait, nous allons probablement bien s'entendre. » J'eus un petit sourire, une fois de plus j'avais raison. Je partis me changer et revint face à Foster. Il avait déjà mis en place un mannequin lorsque j'arrivais à ses côtés. Je lui rendis son sourire et ne put empêcher un léger rire en le voyant se cogner la tête. « Pardonnez-moi de cette impolitesse, je crois que ce mannequin ne m'aime pas à vrai dire. Je me cogne toujours dessus. » J'eus un sourire assez simple. « Oh, vous savez, je ne suis pas comme ces femmes qui sont choquées par tout. La politesse me va à merveille, les jurons ne sont pas un problème. Mon père m'a élevée pour être juste et compréhensive, à votre place, j'aurais fait pareil, sauf que moi, vous m'auriez vu différemment. Cela étant dit, Peut-être avez-vous raison. Ce mannequin ne doit pas vous apprécier, ou alors il n'a pas aimé le sourire que vous m'avez porté. » Je lui souris et sortit mon épée de son fourreau. J'admirais une nouvelle fois la lourde lame que je tenais entre mes mains. J'avais l'habitude de la regarder car c'est mon père qui l'avait faite sur mesure pour moi. Je souris face aux inscriptions. « Pourquoi refuser la compagnie d'une si jolie femme ? Et qui sait, peut-être pourrez-vous vous aussi m'apprendre quelque chose. Prenez place dame. »
« Dans ce cas, je profiterais de votre compagnie, vous n'êtes pas mal non plus. Pour autant, je ne pense pas vous apprendre grand chose si je vous demande de m'apprendre. Mais rien n'est joué, tout peut encore être dévoilé. » Je me mis en place face à l'homme et nous commençâmes le cours. Nos épées s'entrechoquaient et je n'arrêtais pas de faire des pas chassés tout autour de mon "adversaire", puis mon épée glissa sur son flanc, déchirant sa chemise, je me recula et rangea mon arme dans son fourreau. « Vous m'avez donné du fil à retordre. Excusez moi un instant. » Je pris en main une gourde et but au goulot. Puis je me replaça face à monsieur Korey. Pendant la seconde "bataille", je lui parlais, ne me déconcentrant pas pour autant sur mes gestes. « Excusez-moi pour votre vêtement, je ferais en sorte de vous rembourser le prix. » Je fis un deuxième trou dans sa chemise, mettant fin au deuxième combat. « Sincèrement. » Je lui souris et me remis une nouvelle fois en place pour un troisième combat qui s'avéra beaucoup plus long.

Cette femme avait déjà combattu, et cette certitude ne fit que se renforcer. Tous mes faits et gestes ne donnaient rien face à sa garde quasi parfaite. Chaque fois que je bougeais d'un côté et frappais, elle évitait pour me retoucher. Disons que me faire battre par une fille ne figurera pas sur mon top 10 des meilleurs journées. Mais je m'amusais, c'était l'essentiel et n'étant pas mauvais perdant, je prenais goût à ces combats. Nous avons donc continué le combat, tournant en rond, frappant par-ci et par-là mais je n'arrivais pas à la toucher ! Commençant à sentir la frustration, je me laissai emporter et par la même occasion, Rose pu me toucher le torse et faire un trou dans ma chemise. J'en restai bouche-bée, mon orgueil de mousquetaire venait d'être touché et pas qu'un peu ! Elle commença à me dire que je lui avais donné du fil à retorde et prit une gorgée d'eau. Je fis de même en passant ma main sur ma chemise et en regardant le trou. Je ne comprenais pas comment elle avait fait, c'était la seule à avoir réussit à me toucher à part celui qui m'avait entraîné. Je bu de l'eau abondamment et me rafraîchit les idées, peut-être me déconcentrait-elle ? Je n'en sais trop rien, mais ce n'était pas normal, elle qui demandait des cours et qui était capable de me battre.

« Ne vous inquiétez pas mademoiselle, j'ai plein de vestes et ce n'est qu'un vulgaire trou. Je demanderai de le faire recoudre, ce n'est pas la mort. »

Nous nous sommes donc replacés et avons recommencer à nous battre. Ce ne fut pas long que ma veste eut l'apparence d'un objet mâché vulgairement par un chien. Quoi qu'il en soit, cette fille connaissait beaucoup du combat et je n'allais pas me laisser faire. Au troisième combat, mon épée vola dans les airs avant de tomber face à mes choses. Je retournai rapidement ma tête en direction de Rose, mon visage expliquait tout. Mais je laissai un sourire prendre place et lançai:

« Vous avez déjà combattu et plus d'une fois. Serais-je en train de me tromper ? »

Je me ramassai mon épée et enlevai ma chemise pour en prendre une nouvelle dans mon sac. Je trainais toujours deux chemises, pour être sûr que je sois à mon meilleur. L'enfilant lentement, je me retournai tout en attachant les derniers boutons pour fixer cette jeune femme mystérieuse.

« Vous savez, j'ai de l'expérience et je sais reconnaître quelqu'un qui a de l'expérience dans les combats. Je suis sûr et certain que quelqu'un de votre famille ou de votre entourage vous a apprit le maniement de l'épée. Donc, comme je suis un homme assez intelligent. Je peux en déduire que vous n'êtes pas venu ici pour des cours mais pour autre chose. Et si ce n'est pas mal placé, pourrais-je savoir la véritable cause de votre venue en ces lieux ? »