« AVEZ-VOUS DÉJÀ TIRÉ LA QUEUE D'UNE LOUVE? ATTENTION, ÇA MORD. »

Après tout, si on regarde la vérité en face, beaucoup de choses sont différentes de ce que l'on s'imaginait. Il suffit juste d'ouvrir les yeux. Regardez le boulanger d'en face, vous n'auriez jamais su, si je ne vous le disais pas, qu'il gagnait sa vie non seulement en faisant du pain, mais également en vendant des armes. Rien n'est fiable sur Terre et mon père me l'a bien vite appris.
Qu'est-ce que cela fait d'être fille de mousquetaire? À vous de me le dire. Je n'ai jamais réellement réalisé la chance que j'avais de pouvoir entré dans la cour du roi. Pourquoi me diriez-vous? Tout simplement car je n'ai jamais pensé que ce pouvait être un privilège. Seulement, en grandissant, je me suis rendue compte que c'en était un, car je pourrais enfin me battre contre ces personnes qui ne sont là que pour assouvir leur soif de pouvoir.

Penseriez-vous que je suis bizarre? Peut-être le pensez-vous déjà. Mais il faut remonter à la source, savoir pourquoi je suis comme ça, pourquoi je me bas... Je ne suis rien aux yeux du roi, je ne suis rien aux yeux de la cour, personne ne sait ce que je fais, et même moi je ne m'en rend pas réellement compte. Mais remontons d'abord au commencement.

- Jean attention!
Une mine éclata juste à ses côté sous le poids d'un projectile, lui arrachant au passage l'oreille droite. Jean se jeta au sol, il était comme sourd et aveugle, sa vue et son ouïe baissa tandis que son ami se précipitait vers lui. Il sombra dans les ténèbres.
Lorsqu'il se réveilla, ce fut sur son lit, dans sa maison. Il ne se souvenait pas réellement de ce qu'il lui était arrivé. Jean De la Cour, c'était son nom, et c'était mon père.
Plus tard, il comprit dans quoi il s'était embarqué, et il le regretta. C'est à l'âge de mes quatre ans qu'il est rentré dans cet état; une oreille en moins et le visage plein de cicatrices. C'est ce jour là que, moi aussi, je compris à quel point le monde pouvait être cruel.
Oui vous l'aurez compris, avant d'être mousquetaire, mon père servait dans l'armée. Il n'avait pas encore comprit à quel point la guerre était sanglante. Il me l'apprit lorsque j'eus dix ans...
- Écoute bien ce que je vais te dire, et fait très attention à chacune de mes paroles. Rose, tu es jeune, et je ne veux pas que tu te méprenne sur ce qui nous entoure. Le monde est infestés d'hommes vils et cruels. Je ne souhaite pas que tu te fasse embarquer là dedans. La guerre est une chose de très mal également... Seul les mousquetaires son droit et justes. Je veux que tu te batte pour ta nation, pour ton peuple. Mais pour une femme de la cour, ce serait mal vu que tu soit un mousquetaire.
- Qu'attendez-vous de moi, père?
- J'attends de toi que tu apprenne à te battre, que tu sois forte et loyale, que tu défende les plus faibles contre les plus forts. J'attends de toi que tu sois ce personnage au grand cœur dans les livres de Ben Jonson que je te lisais le soir. Tu es belle ma fille et tu seras le héro de cette nation.

- Attention! Et voilà, tu as encore raté, un pas de plus et je te tuais! Bon sang Rose! Ce n'est pas un jeu, c'est ta vie que tu met en péril!
- Excusez-moi, père!
- On recommence.
Il leva son épée en l'air, et une autre bataille s'annonça.
J'avais douze ans, quand il a commencé à m'apprendre à me battre. Je n'y comprenais pas grand chose, mais j'avais de la conviction, je voulais aider le plus de gens que je pouvais. Il m'apprenait le maniement de l'épée, l'escrime, il m'aidait à me servir de mes poings dans des gestes que je ne comprenais pas moi-même. Il m'apprenait le corps humain et ses faiblesses. C'était lui, mon professeur. Il avait décidé que le plus important pour moi était le combat, suivit de la politique et enfin de la lecture. Il m'apprit également à monter à cheval. À mes quinze ans, il commença à m'emmener avec lui pour pouvoir prendre des gens en filature. Dans l'ombre, curieuse, j'apprenais beaucoup de magouilles qui avaient lieu en ce temps. Certaines personnes préparaient de sales coups mais mon père et moi étions toujours là pour les en empêcher. Jusqu'à ce qu'il meurt...
Une grave maladie, m'avait dit ma mère à mes vingts ans. J'aurais plutôt planché pour un assassina vu l'état de son crâne à l'enterrement. Il était surement aller sur un coup pendant que je n'étais pas là, et ça aurait causé sa perte.

Après sa mort, je compris à quel point le monde était vil. Depuis, je cherche à rendre l'âme de mon père fière de moi. J'ai enfin décider de mettre en pratique tout ce qu'il m'a apprit... C'est dit: je serais le robin des bois de ces gens, défendant dans l'anonymat un titre revenant à un roi.